Journée prison / justice 2025
L’équipe Prison / Justice a une action qui puise ses sources dans l’ADN du Secours Catholique.
Le 20 mai dernier, était organisée la journée diocésaine prison justice.
Journée à laquelle tous les bénévoles engagés sur cette thématique ainsi que tous celles et ceux souhaitant découvrir cette action phare du Secours Catholique étaient invités.
Les objectifs étaient les suivants :
- Découvrir les réalités du monde carcéral qui sont à côté de chez nous
- Faire réseau avec nos partenaires et partager nos expériences
- (Re)découvrir les actions Prison / Justice dans notre délégation
- Aborder les perspectives d’actions de rencontre avec les personnes
La matinée a été consacrée à la présentation des actions menées par les bénévoles engagés sur la thématique, avec au cœur de ce temps, des témoignages de personnes accompagnées pour rappeler le sens et l’importance de cette action.
En effet, 35 bénévoles sont engagés sur cette thématique, et après un mot de remerciement d’Olivier Caron, Président de la délégation, nous avons eu la chance d’accueillir plusieurs témoignages d’acteurs engagés.
Ainsi nous avons fait la rencontre de Jean-Christophe et William qui ont témoigné de leurs expériences et parcours en lien avec le Secours Catholique.
“Je n’aurai jamais cru que je serai aidé comme ça par le Secours Catholique”
“Si le Secours Catholique n’avait pas été là, je serais resté en prison. Je remercie vraiment les personnes qui m’ont aidé et à mon tour je voudrais aider les gens qui sont dans la galère en étant bénévole”
“Si on n’est pas accompagné, on est isolé, on finit à la rue ce qui signifie qu’on risque de retourner en prison”
“Repartir dans le droit chemin, c’est long et c’est compliqué heureusement qu’il y a des bénévoles pour nous aider”
Ensuite Gérard nous a présenté sa mission de bénévole et les accompagnements auxquels il contribue. Ce parcours d’obstacles qu’il fait au côté des personnes qui sortent de détention, pour les accompagner dans la recherche de logement, l’ouverture des compteurs, l’achat de quelques denrées indispensables, l'achat d'un téléphone ou encore l’ouverture d’un compte bancaire. Une main tendue, un regard bienveillant et la conviction que les défis peuvent être relevés ensemble.
Marie-Thérèse nous a présenté une action historique du Secours Catholique la correspondance avec des personnes incarcérées, appelée “S'écrire au-delà des murs” (anciennement “Amitié sans visage”). Une belle action qui se vit dans un cadre sécurisant, en effet, l'anonymat et le fait que le courrier transite par la délégation pour un réacheminement ensuite au domicile du bénévole ont été des éléments qui ont incité Marie-Thérèse à se lancer.
Depuis plusieurs années maintenant elle correspond avec des personnes détenues ; une correspondance qui s’inscrit souvent sur le temps de la détention
“Parfois quand la personne sort de prison, on n’a plus de nouvelles, c’est normal on fait partie de sa vie à un moment donné…”
“Une expérience qui m’a beaucoup appris sur les conditions de détention des personnes, j’ai découvert un milieu que je ne connaissais pas et loin de ce qu’on peut entendre parfois dans les médias ou dans l’opinion publique…”
Nous avons également pu faire le point sur les différentes prisons, il y a 188 établissements pénitentiaires en France, dont 5 dans le Pas de Calais :
- Maison d'arrêt d’Arras
- Centre de détention de Bapaume
- Maison d'arrêt de Béthune
- Centre pénitentiaire de Longuenesse
- Centre pénitentiaire de Vendin le Vieil
Au 1er avril 2025, 2075 personnes étaient incarcérées dans le Pas de Calais, dans des conditions de promiscuité souvent bien difficiles en raison d’une surpopulation carcérale en maison d’arrêt dénoncée par les associations.
Un nouveau projet expérimental verra le jour en 2026, le projet InSERRE (Innover par des Structures Expérimentales de Responsabilisation et de Réinsertion par l’Emploi), à Saint Laurent Blangy. Ce nouvel établissement aux objectifs tournés vers la lutte contre la récidive, pour la formation et la réinsertion par l’emploi, aura vocation à accueillir 180 personnes.
L’après-midi a mis en lumière le travail partenarial entamé depuis plusieurs années, un travail essentiel et ô combien important pour accompagner les personnes rencontrées. Chaque partenaire étant complémentaire et s'inscrivant dans un réseau.
Nous avons eu la chance d’avoir les interventions suivantes :
Sophie MARGUET, Référente territoriale du Travail d’Intérêt Général qui nous a présenté l'intérêt du dispositif du TIG, un dispositif qui s’adresse aux personnes qui ont été condamnées à une peine inférieure à 6 mois pour des infractions routières, des vols simples et des délits. Nos équipes et nos actions locales sont habilitées à accueillir des personnes condamnées au TIG.
Solidaritoit est une association dont l’action concentrée sur l’hébergement et l’accompagnement social s’inscrit dans le dispositif Passerelle pour des personnes qui sortent de détention. Une équipe composée de 5 travailleurs sociaux dont Margot, Melissa et Myriam, accompagne les personnes dans du logement autonome en fonction de leurs besoins, dans l’accès aux droits et dans les démarches administratives diverses. Depuis 2021, 37 personnes ont été ainsi accompagnées dont 20 qui ont été relogées par Solidaritoit. Nos équipes locales peuvent intervenir en complémentarité avec cette action dans de l’accompagnement fraternel ou dans la proposition à prendre part à leurs projets.
Gilles de l’Aumônerie Catholique engagé à la Maison d'arrêt d’Arras nous a partagé son expérience. Il fait partie d’une équipe de 5 personnes. En détention, il est autorisé de pratiquer la religion de son choix, dans chaque établissement il y a des aumôneries, l’aumônier ne contacte pas directement les personnes, il va à la rencontre des personnes qui en font la demande...
A Arras, une messe est célébrée chaque dimanche.
“On assiste à de belles choses, des personnes qui redécouvrent leur foi, c’est vraiment beau”
Gilles nous dit qu’il partage Océan, le recueil réalisé par les bénévoles et nous dit combien l’accueil réservé à cette revue est toujours chaleureux.
Océan est réalisé et publié 3 fois par an, il contient les écrits, dessins, recettes des personnes incarcérées et des jeux, des reportages, des messages des correspondants… Nous savons qu’il est lu, relu et partagé en détention.
Béatrice, Bernadette, Jeanine et Marthe ont présenté “Les bénévoles du bus accueil” une association qui offre aux familles venant au parloir à la Maison d’Arrêt d’Arras un abri, un café, une écoute en attendant l’heure d’entrer en détention. Les permanences se font dans un lieu pour le moins original : un bus aménagé par la Communauté urbaine d’Arras et installé face à la prison.
“Nous apprenons à connaître les différentes associations qui peuvent aider les familles, parfois nous les orientons. Certaines se retrouvent vraiment démunies par l’incarcération de leur proche.”
Marie-Claire a partagé sa longue expérience de visiteur de prison au CD de Bapaume, de la rencontre gratuite avec les personnes “juste pour les écouter, pour leur apporter de l’air de l’extérieur”. La navette de l’association Présence fait la route plusieurs fois le samedi et le dimanche entre la gare d’Arras et le CD de Bapaume pour conduire les proches à leur rendez-vous de parloir.
“Nous avons besoin de chauffeurs bénévoles.”
Olivier, président et Laurent, délégué, ont conclu cette riche journée en remerciant Christine et Gérard pour sa préparation et la qualité des relations avec les partenaires. Ils soulignent la nécessité de travailler en réseau et ont repris les appels lancés par les partenaires à communiquer leurs besoins urgents de bénévoles pour s’engager auprès des personnes.
“Les témoignages entendus aujourd’hui nous obligent à porter notre regard sur ces réalités.”
“Nous allons continuer à nous donner des ambitions pour la rencontre et l’accompagnement des personnes placées sous main de justice”.
