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Apprendre le français et « se sentir chez soi »
Avec l’entrée en vigueur de la loi dite « Immigration » d'ici fin 2025, de nombreux étrangers vivant en France redoutent de rencontrer de nouveaux obstacles rendant difficile voire impossible leur intégration. Reportage à Paris, auprès d’un groupe de migrants accompagné par le Secours Catholique dans leur apprentissage du français.
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Du lundi au jeudi, une équipe d'une vingtaine de bénévoles du Secours Catholique anime des ateliers d’apprentissage du français langue étrangère (FLE) au premier étage du centre paroissial Saint-Pierre de Chaillot, situé dans le 16è arrondissement de Paris. L'équipe organise aussi, une fois par semaine, un atelier de conversation convivial ouvert à tous durant lequel les participants discutent pendant une heure autour d'un thème choisi. Cette année, 125 personnes, d’âge et de nationalité différents, se sont inscrites aux ateliers. Réunis en petits groupes, les débutants découvrent le français tandis que les apprenants de niveau intermédiaire ou confirmé espèrent parfaire leur maîtrise de la langue à l’écrit et à l’oral.
Sortir de la précarité
Cet accompagnement linguistique est d'autant plus important pour ces expatriés que la loi dite «
Oksana, qui vit en France depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, souhaite, elle aussi, être naturalisée. La jeune femme espère ainsi mettre fin à la situation précaire dans laquelle elle se trouve. Renouveler son autorisation provisoire de séjour tous les six mois est une «
La loi «Immigration» va exclure beaucoup de monde, notamment les personnes ayant été peu scolarisées.
En exigeant des niveaux de français «
C’est le cas de Nadia, une Marocaine de 64 ans qui vit en France depuis 21 ans. L’an dernier, cette femme de ménage, qui parle très bien français, a décroché le DELF de niveau A2
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Hélène Ceccato, chargée de mission nationale Apprentissage du Français :
« Une politique d'immigration choisie qui ne dit pas son nom »
La loi «
Conditionner le renouvellement d’un titre de séjour à la maîtrise d’un certain niveau de français pose problème car il n’existe aucun dispositif de formation financé par les pouvoirs publics ouvert aux personnes sans-papiers. Ces dernières ne peuvent compter que sur le réseau associatif pour apprendre notre langue. Et, sans titre de séjour, les personnes sont maintenues dans une situation de très grande précarité qui complique leur intégration : il leur est plus difficile de trouver un emploi stable en CDI ou à louer un appartement.
Revoir la politique d'apprentissage du français
Il est urgent de revoir la politique d’apprentissage du français pour les personnes migrantes : l’offre de formations subventionnées par l’État doit être renforcée sur l’ensemble du territoire et rendue accessible aux personnes en situation irrégulière ou en demande d’asile. Les frais d’inscription au diplôme d’étude de langue, aujourd’hui à la charge des candidats, souvent en situation de grande précarité, devraient être couverts par les pouvoirs publics. D’autant plus que nous observons depuis la promulgation de la loi «
Le Secours Catholique estime que l’intégration d’une personne étrangère dans notre société peut s’évaluer par de multiples indicateurs tels qu’un engagement bénévole ou syndical, une implication dans la scolarité de ses enfants, un emploi etc. La maîtrise du français ne devrait pas être le seul critère.